Lorsque Remco Evenepoel a mis pied à terre dans les hauteurs du Tourmalet, les regards se sont figés. Le champion belge, pourtant porteur du maillot blanc, affichait un visage blême, vidé de toute énergie. Trois jours de galère avaient précédé cet abandon, marquant un tournant brutal après un début de Tour maîtrisé. Ce n’était pas seulement les jambes qui lâchaient, mais une mécanique interne qui était profondément fragilisée. Un hiver mal préparé, un corps qui ne récupère pas et une fatigue cérébrale liée à un stress thermique persistant : les explications physiologiques n’ont pas tardé à surgir. Le professeur Marc Francaux, spécialiste en physiologie de l’effort, a rappelé que l’épuisement peut naître autant du système nerveux que des muscles, en évoquant un déséquilibre profond entre énergie physique et signal mental.
Les choix de préparation dans le viseur
Derrière cette défaillance, plusieurs voix s’élèvent pour mettre en lumière des choix stratégiques douteux. Koen Pelgrim, son entraîneur, évoque une base hivernale insuffisante. Le stage de Tignes aurait dû alerter. Même Philippe Gilbert, tout en restant mesuré, n’ignore pas les sacrifices imposés par une perte de poids drastique, susceptible d’affaiblir un athlète jusque dans ses fondements. « Être trop maigre peut devenir contre-productif », a-t-il résumé à la presse en s’appuyant sur sa propre expérience. Cette quête de performance extrême pourrait bien avoir fissuré la solidité apparente du coureur.

Une pression qui dévore de l’intérieur
Au-delà des données physiologiques, la sphère psychologique entre aussi en ligne de compte. Plusieurs consultants néerlandais ont pointé du doigt la pression constante qu’Evenepoel s’imposerait lui-même au point de penser à la perception de son entourage avant ses propres besoins. Cherchant à rejoindre le duo Pogacar-Vingegaard, le Belge se serait laissé aspirer par un niveau d’exigence démesuré. Et cet abandon, le troisième en six Grands Tours, n’est pas sans poser la question de son avenir sur les courses à étapes.
L’avenir sur les classiques ?
À court terme, l’hypothèse d’un retour sur la Vuelta est écartée. Patrick Lefevere, son manager, préfère rediriger ses efforts vers les courses d’un jour. La Clásica San Sebastián, les Mondiaux ou les classiques canadiennes pourraient offrir une voie de rebond. Encore faut-il qu’Evenepoel parvienne à digérer une désillusion aussi cruelle. Car si les Belges ont fêté Tim Wellens ou Victor Campenaerts, l’image d’un Remco effondré dans les Pyrénées reste comme une ombre sur ce Tour de France. On reste suspendu à la suite…