Si Brandon McNulty a remporté le Grand Prix Cycliste de Montréal, c’est parce que Tadej Pogacar lui a offert la victoire. S’il l’avait voulu, le Slovène aurait pu s’imposer en solitaire en dégoûtant – encore – la concurrence. Mais, cette fois, le leader de UAE Team Emirates – XRG a joué le grand prince généreux. Reste que pour beaucoup, ses résultats ne sont pas forcément une bonne chose pour le cyclisme. Sa domination outrageuse sur pratiquement chaque course à laquelle il prend part commence doucement, mais sûrement, à agacer.
Domination jamais vue ?
Cette saison, UAE a égalé le record de victoires sur une année détenu jusqu’ici par Team Columbia – HTC. En 2009, la formation américaine avait remporté 85 succès. Nous ne sommes « que » au mois de septembre, et UAE Team Emirates – XRG vient donc de faire aussi bien. Parmi ces 85 victoires, Tadej Pogacar en compte 16 dont le Tour de France (et 4 étapes), Liège-Bastogne-Liège et le Tour des Flandres. Pour certains, le Slovène a trop facile et ne laisse que des miettes à ses concurrents. Chez UAE, Isaac del Toro fait aussi bien, mais sur des courses moins prestigieuses, généralement sur le circuit continental.

Pourtant, en 2009, Mark Cavendish avait soulevé les bras à 23 reprises et André Greipel 20 fois. Mais les deux coureurs s’imposaient différemment : au sprint. Là où le Britannique et l’Allemand devaient faire parler leur puissance sur un groupe, Pogacar l’emporte généralement en solitaire avec une impression de facilité qui fait presque passer ses concurrents pour des amateurs.
Ennuyeux ?
C’est cette manière de gagner – seul et avec facilité – qui rend le cyclisme ennuyeux quand Tadej Pogacar participe à une course. Non pas que les dés soient pipés – il est passé à côté à Québec – mais les chances de le voir se rater sont quand même très faibles et le scénario plutôt prévisible.
S’il est impossible de ne pas reconnaître le talent de Pogacar, supérieur aux autres, cela n’enlève rien au fait qu’avec lui, le spectacle disparait. Or, c’est justement ce que les gens aiment dans le cyclisme : le combat, le dépassement de soi et les surprises. Alors, oui, le cyclisme est ennuyeux avec Tadej Pogacar.