La Dernière Édition
Le GP Explorer revient pour un dernier tour de piste et la promesse d’une apothéose. “The Last Race” clôt une aventure commencée comme un pari et devenue, en deux éditions seulement, l’un des rendez-vous les plus suivis de l’écosystème sport-spectacle. Le cadre reste le même, le mythique circuit Bugatti du Mans, mais l’ambition change d’échelle : trois journées d’action au lieu d’une, une course sprint ajoutée au menu, des échanges radio diffusés en direct entre les stands et les pilotes, une grille enrichie par des rookies internationaux et une diffusion élargie, de Twitch aux chaînes France 2 et France 4. L’engouement ne faiblit pas : près de 200 000 personnes sont attendues sur l’ensemble du week-end et la billetterie a affiché complet en deux heures. Après un premier cru à plus d’un million de téléspectateurs en 2022 et un record supérieur à 1,3 million en 2023, l’événement se présente comme une conclusion à la hauteur de sa légende naissante.
Contexte et héritage
L’idée a germé en 2020, lors du Z Event : si la cagnotte franchissait un palier symbolique, Squeezie rêvait d’organiser un tournoi IRL de monoplaces. Deux ans plus tard, le 8 octobre 2022, la première édition réunit vingt-deux créateurs répartis en onze écuries. La plupart découvrent la course, s’astreignent à des mois d’entraînement et tiennent la cadence en piste. La victoire revient à Sylvain Levy, devant Depielo et Étienne Moustache. En 2023, le casting s’étoffe à vingt-quatre participants et l’audience explose : plus de 1,3 million de viewers en direct, 60 000 personnes sur place, une place de numéro 1 en France et une présence dans le top 6 mondial des événements Twitch. Le GP Explorer s’installe alors au-delà de la niche du streaming pour toucher le grand public, porté par un récit limpide : transformer des visages familiers du web en pilotes crédibles, au prix d’une préparation exigeante et d’un encadrement sportif strict.

Un format revu pour une finale grand format
Pour sa troisième et dernière édition, le GP Explorer adopte une structure inspirée des week-ends de Grand Prix. La montée en puissance est progressive et pensée pour maximiser les points d’attention en piste comme en tribunes. Les essais libres jalonnent le week-end, les qualifications se doublent d’une séance spécifique pour le sprint, et l’intensité culmine le dimanche avec une course de quinze tours et un podium programmé à 19 h. Autour de la compétition, l’habillage scénique est assumé : dix artistes au total, du rap aux musiques électroniques, transforment l’enceinte en festival, tandis que plusieurs “surprises sur piste” entretiennent le suspense entre les sessions. L’innovation la plus significative se situe toutefois sur la bande-son : pour la première fois, les communications radio entre ingénieur et pilote seront diffusées en direct, offrant le point de vue stratégique au moment où il se construit. Cette immersion rapproche le public des décisions vécues dans les cockpits et peut, à elle seule, redessiner la manière de suivre la course.
Programme
Vendredi
– Parade et présentation des pilotes – 19h30 (réservé au public, pas de diffusion Twitch)
– Concerts : Vald, SDM, SCH, Vladimir Cauchemar, Joyca
Samedi
– Essais libres – 9h (hors stream)
– Surprise sur piste – 11h30
– Qualifications sprint – 14h
– Surprise sur piste – 16h
– Course Sprint – 18h30
– Concerts : Nene Kiffeur, Theodora, Gazo, Tiakola, MYD
Dimanche
– Essais libres – 8h30 (diffusés)
– Surprise sur piste – 9h45
– Qualifications course – 12h30
– Surprise sur piste – 15h10
– Course de 15 tours – 18h
– Podium – 19h
Une grille rehaussée par l’international
La dernière édition introduit dix rookies, dont cinq nouveaux internationaux. Deux Espagnols, Karchez et Ander, deux Américains, Ludwig et Michael Reeves, ainsi qu’une représentante québécoise, Cocottee, rejoignent la scène et posent un enjeu sportif inédit : trouver leurs repères sur un tracé technique, avec des fenêtres d’apprentissage resserrées et des adversaires déjà aguerris aux départs, aux dépassements et au rythme des drapeaux. Cette ouverture élargit l’audience naturelle de l’événement et confronte les favoris à des styles de pilotage moins connus. La grille conserve ses têtes d’affiche, de Squeezie à Gotaga, en passant par Mastu, SCH ou Nikof, mais l’attention se porte naturellement sur celles et ceux qui cumulent vitesse pure et sens de la gestion de course. Plusieurs noms se détachent sur le papier : Maxime Biaggi, Ana on Air, Squeezie lui-même, Djilsi et PLK. La dynamique des qualifs sprint, la possibilité d’un départ propre et la gestion du trafic en course longue pourraient, à performance égale, offrir l’avantage à celles et ceux qui supportent le mieux la pression.
Le théâtre du Mans, juge de paix
Le circuit Bugatti n’a rien d’un ovale indulgent. Son premier freinage après la montée en rapport, ses enchaînements qui punissent l’à-peu-près et ses zones de traction où le moindre excès se convertit en survirage font de chaque avantage une responsabilité. Historiquement, la piste récompense les pilotes capables de répéter un rythme sans accrocs, de lire l’adhérence au fil des températures, et d’exécuter des dépassements propres à la chicane ou sous la passerelle Dunlop. Sur quinze tours, l’écart entre une gestion pneumatique sereine et une dégradation mal anticipée peut transformer un bon départ en lutte défensive permanente. La Sprint, plus courte, demande quant à elle une mise en température éclaire et une foi absolue dans les points de freinage. Les rookies devront apprivoiser cette dualité : être agressifs quand il le faut, mais économes quand l’instant impose la patience.

Radios ouvertes : une immersion qui change tout
La diffusion en direct des échanges radio change la grammaire du spectacle. Le téléspectateur n’assiste plus seulement à l’action, il l’habite. On entend la lecture des écarts et des secteurs, les choix de cartographies moteur, la gestion des safety-car et des relances. Cette transparence a un effet double. Elle valorise la dimension stratégique, souvent invisible au grand public, et elle expose les équipes à l’erreur en direct, ce qui exige un sang-froid irréprochable. Pour l’audience, l’expérience se rapproche de celle d’un mur des stands : on se croirait dans la voiture avec les pilotes, et cela aide à comprendre ce qu’il se passe sur la piste.
Une ambition médiatique assumée
L’événement s’offre une couverture hybride. Le cœur de la diffusion demeure la chaîne Twitch de Squeezie, mais la fenêtre télévisée de France 2 et France 4 complète désormais le dispositif. Il y a, dans cette bascule, la volonté d’agrandir le cercle au-delà des communautés numériques et de convertir la curiosité en rendez-vous de masse. Les précédentes éditions ont déjà prouvé que l’histoire racontée pouvait séduire bien plus loin que le cœur de cible. La troisième et dernière édition pousse le curseur au maximum et assume un objectif clair : transformer l’adieu en record, faire du “dernier” un “plus grand”.
Les favoris et la mécanique du succès
Difficile d’écrire l’issue d’une finale avant le départ, mais on peut décrire la mécanique qui mène à la victoire. Le premier facteur, c’est la propreté : éviter les incidents, protéger l’aileron, garder les pneus dans leur fenêtre d’usage. Le second, c’est la lecture : sentir le moment où la piste bascule, où l’adversaire ouvre une porte, où une safety-car rebat les cartes. Le troisième, c’est la constance : transformer un bon tour en série, convertir une pole en départ maîtrisé, tenir les nerfs face à la pression du peloton. Dans cette équation, certains profils paraissent taillés pour le duel final. Maxime Biaggi s’inscrit comme une valeur sûre, Ana on Air a démontré une progression lisible et une science des placements, Squeezie conjugue expérience et motivation à gagner son propre évènement, Djilsi offre une agressivité canalisée qui colle au format sprint, PLK amène une densité de rythme qui peut faire la différence sur quinze boucles. Rien n’est joué ; tout est là.

Une clôture qui n’en a pas l’air
Annoncer une dernière édition, c’est prendre le risque de figer son aventure dans une vitrine. “The Last Race” choisit l’inverse : le mouvement jusqu’au bout. Plus de jours, plus d’angles, plus d’histoires, plus d’artistes. C’est une manière de dire adieu en pleine accélération, sans lever le pied. En sport, les finales mémorables ne sont pas forcément celles qui confirment un favori, mais celles qui racontent le mieux leur époque. Le GP Explorer a raconté la sienne : l’hybridation des cultures, la valeur pédagogique de l’entraînement, l’accessibilité d’un sport longtemps perçu comme lointain. Si cette édition se termine sur le podium à 19h dimanche, elle ne s’achève pas pour autant dans l’imaginaire collectif : elle aura déplacé des lignes et, peut-être, ouvert des envies de formats cousins.