On l’appelle désormais la saga du « Nafigate », née du différend entre Nafi Thiam et les instances de l’athlétisme belge au sujet du fameux code de conduite non signé par l’athlète à l’été dernier. L’affaire prend désormais une tournure politique. Après la suspension du versement du solde de la subvention à la Ligue belge francophone d’athlétisme (LBFA) par la ministre francophone des Sports, Jacqueline Galant (MR), le dossier s’est retrouvé au cœur des débats parlementaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Sa consœur flamande, Annick De Ridder (N-VA), doit à son tour être interrogée sur le même sujet devant la commission des Sports du Parlement flamand.
Lors de son intervention, Jacqueline Galant a répété sa volonté de garantir « la protection, le respect et la sérénité » des athlètes, tout en critiquant la gestion du dossier par la LBFA. Elle a insisté sur la nécessité de réévaluer le code de conduite et proposé une rencontre avec Nafi Thiam pour envisager des adaptations liées à son statut d’athlète d’élite. La ministre a également reconnu l’importance de règles claires au sein des fédérations tout en estimant prématurée la création d’une commission des athlètes.
Les tensions financières s’ajoutent à la crise
Au cœur des débats figure aussi la promesse d’une prime de 500 euros pour les athlètes ayant signé le code de conduite avant les Mondiaux de Tokyo. Ce montant, totalisant 23.000 euros pour 46 sportifs, n’a toujours pas été versé. Selon Ludwig Peetroons, directeur d’Atletiek Vlaanderen, le retard s’explique par des raisons administratives et fiscales. Il précise que le paiement incomberait à la Belgian Athletics, une structure qu’il décrit comme « presque en faillite ».

Cette situation renforce les inquiétudes de la ministre Galant, qui conditionne la libération de 40.000 euros de subventions à la preuve que les primes ne seront pas financées par des fonds publics de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les enjeux dépassent désormais la seule question sportive : ils révèlent les fragilités structurelles d’un modèle fédéral éclaté entre les deux communautés.
Ludwig Peetroons n’a pas ménagé ses critiques envers Nafi Thiam, la qualifiant de « danger » pour la Belgian Athletics. Il lui reproche d’avoir fait perdre un sponsor majeur en 2018 et d’avoir diffusé sur ses réseaux sociaux des images modifiées effaçant les logos de partenaires. Ces accusations ajoutent une dimension personnelle à une affaire déjà complexe où la fracture entre les ailes francophone et flamande de l’athlétisme belge semble se creuser. Une rencontre de médiation entre Jessica Mayon (LBFA) et Gery Follens (Atletiek Vlaanderen), sous la supervision d’un administrateur du COIB, est prévue d’ici la fin du mois. Le huis clos annoncé autour de cette réunion témoigne de la sensibilité d’un dossier qui, plus que jamais, mêle politique, sport et communication de crise. Reste à voir où la priorité sera placée : sur les dissensions et les querelles ou alors sur les athlètes et le sport ?