Depuis des décennies, le tennis repose sur une pyramide où les organisateurs récoltent la majeure partie des bénéfices et les joueurs, même les plus célèbres, se contentent des gains de tournoi. Mais l’équilibre vacille. Pour la première fois, plusieurs stars du circuit – parmi lesquelles Jannik Sinner, Aryna Sabalenka et Coco Gauff – s’unissent pour réclamer une redistribution plus équitable. Leur cible : les quatre tournois du Grand Chelem, à savoir Roland-Garros, Wimbledon, l’US Open et l’Australian Open, qui génèrent des centaines de millions d’euros chaque année.
Des champions en colère
Selon eux, la part reversée aux joueurs ne représente qu’une faible fraction des revenus totaux. « Si l’on considère la part des recettes allouée aux joueurs, le tennis est à la traîne », explique l’Américain Ben Shelton (6e mondial). « La NBA, la NFL (la ligue du football américain, ndlr) et d’autres ligues reversent près de 50% de leurs revenus aux joueurs, tandis que dans les tournois du Grand Chelem, nous parlons de moyennes avoisinant les 10%.»
Pour Coco Gauff, l’enjeu dépasse le prestige des champions : « Nous ne parlons pas d’augmenter la prime du vainqueur, mais d’aider ceux qui galèrent à vivre du tennis. » Car en dehors du top 100, les frais de déplacement, de coaching et d’entraînement pèsent lourd, et beaucoup peinent à équilibrer leurs comptes.

Une lettre ouverte et des revendications claires
Les joueurs ont adressé une lettre officielle aux organisateurs des Grands Chelems. Ils y demandent trois choses :
- une part plus élevée des revenus globaux ;
- une contribution aux fonds de santé, de retraite et de maternité ;
- un rôle accru dans les décisions liées au calendrier et aux conditions de jeu.
Jannik Sinner, aujourd’hui figure de proue de cette contestation, a dénoncé le manque de dialogue : « On ne peut pas continuer à ignorer ceux qui font vivre ce sport. »
Le silence prudent des organisateurs
Les instances dirigeantes, conscientes du poids médiatique des stars, temporisent. Officiellement, elles se disent prêtes à discuter, sans promettre de changement concret. Mais dans les coulisses, l’inquiétude grandit : si les joueurs s’unissent durablement, ils pourraient imposer un nouveau rapport de force.
L’enjeu dépasse la simple question du prize-money. Il s’agit d’un débat sur la gouvernance du tennis : qui crée réellement la valeur ? Les tournois ou les joueurs ? Si la réponse penche en faveur de ces derniers, c’est toute l’économie du sport qui pourrait être redessinée.
Et vous, pensez-vous que les joueurs devraient obtenir une part plus importante des revenus du tennis ?



