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La saison cycliste 2025 s’achève dans un climat d’incertitude pour de nombreux acteurs du peloton. Car malgré les performances remarquées de Kévin Vauquelin sur le dernier Tour, l’équipe Arkéa-B&B Hotels a disparu et elle symbolise finalement la fragilité d’un modèle économique qui dépend presque exclusivement des sponsors. La fusion récente de Lotto et Intermarché illustre elle aussi la nécessité pour certaines structures de s’unir pour survivre.

Les managers du World Tour évoquent un déséquilibre croissant entre les formations soutenues par des États ou des multinationales et les équipes plus modestes qui sont forcément soumises à des budgets bien plus serrés. Il faut rappeler que le cyclisme ne profite ni des droits télévisés ni de la billetterie contrairement à la plupart des sports professionnels. Une situation qui rend son équilibre financier précaire.

Rendre payant l’accès aux cols

Face à cette crise structurelle, certains anciens dirigeants cherchent des solutions innovantes. Ainsi Jérôme Pineau, ancien coureur cycliste professionnel français et manager de feue l’équipe B&B Hôtels désormais reconverti en consultant, a proposé de rendre payant l’accès aux derniers kilomètres des ascensions mythiques, comme ceux de l’Alpe d’Huez. L’objectif est de redistribuer les recettes aux équipes les plus fragiles. Selon lui, un droit d’entrée symbolique pourrait générer des revenus substantiels sans nuire au spectacle.

© Jan De Meuleneir/Photo News

Mais la faisabilité d’un tel système interroge. Comment contrôler les spectateurs déjà présents depuis l’aube sur les routes de montagne ? Et comment garantir que les fonds collectés bénéficient effectivement aux équipes et non aux seuls organisateurs ?

Le refus d’ASO et la défense du cyclisme populaire

Chez Amaury Sport Organisation (ASO) – spécialisée dans l’organisation d’événements sportifs internationaux et notamment pour le Tour de France –, l’idée est catégoriquement rejetée. Le directeur adjoint du département cyclisme, Pierre-Yves Thouault, rappelle que la gratuité fait partie de l’identité même de ce sport. Le Tour de France se déroule sur la voie publique et son succès repose sur cette proximité unique entre coureurs et spectateurs.

© Cor Vos/Cor Vos/Photo News

Plusieurs acteurs du peloton, à l’image de Vincent Lavenu ou Marc Madiot, considèrent qu’introduire une billetterie reviendrait à trahir l’esprit populaire du vélo. Ils rappellent que le cyclisme qui est accessible à tous constitue un des rares spectacles sportifs gratuits et fédérateurs.

Survie économique

Mais la réalité est la suivante : la popularité du cyclisme ne garantit pas sa viabilité. Les équipes se battent pour subsister tandis que les spectateurs continuent de profiter d’un spectacle gratuit. Faut-il préserver cet idéal ou repenser le modèle pour éviter de nouveaux drames sociaux ? La question reste entière. Mais si le cyclisme venait à renoncer à sa gratuité, c’est peut-être une part de son âme qu’il risquerait de perdre.

Catégories :
Cyclisme

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