Une stratégie brillante, mais peu de réussite
Avec son pari risqué de trois arrêts au stand, Verstappen était parvenu ce week-end à revenir au contact de Lando Norris, malgré une McLaren visiblement plus rapide. Le champion du monde a livré une remontada impressionnante et, pendant un temps au moins, tout semblait encore possible. Mais comme souvent en Formule 1, le scénario s’est complexifié en fin de course.
La faute au propre coéquipier de Verstappen, Yuki Tsunoda, qui brièvement ralentit le champion à la sortie des stands. Et comme si cela ne suffisait pas, Norris a bénéficié du soutien involontaire de Carlos Sainz qui lui a offert le DRS au moment décisif. Résultat : les chances d’attaque de Verstappen se sont évaporées.
La safety car redistribue les cartes
En outre, une erreur du jeune pilote Mercedes, Kimi Antonelli, a fait sortir la safety car, ce qui a relancé la course. Verstappen qui était au bout de ses pneus a posé un choix entre des gommes tendres usées ou des pneus neufs plus durs – et aucun de ces deux choix n’était optimal.
Lors de son retour sur la piste, il a rencontré des difficultés pour contrôler sa monoplace et il a même frôlé la sortie de route. Le Néerlandais s’est ensuite embarqué dans un duel d’une rare intensité avec Charles Leclerc et George Russell. Et c’est avec ce dernier que les choses ont dérapé : poussé vers l’extérieur, Verstappen a emprunté l’échappatoire avant de réintégrer la piste juste devant son rival.

Quand Verstappen rend justice lui-même
Red Bull a alors pris une décision pour le moins discutable : demander à son pilote de restituer la position initiale de Russell dans la course, alors qu’il s’est avéré plus tard que ce n’était pas nécessaire. Verstappen s’est exécuté à contrecœur. Mais pas sans envoyer un message fort. Dans une manœuvre agressive, il a heurté la Mercedes de Russell, comme s’il voulait faire justice à sa manière.
Les commissaires de course se sont montrés plutôt cléments en infligeant à Verstappen une pénalité de dix secondes. Celle-ci lui a coûté la cinquième place finale, perte qu’il a semblé accepter sans sourciller.
Verstappen, digne héritier de Schumacher ?
Cet incident a rappelé des souvenirs en lien avec un autre grand nom de la F1 : Michael Schumacher. Lui aussi, à son époque, n’hésitait pas à franchir la ligne rouge quand la frustration prenait le dessus. Cette obsession de la victoire, même dans l’adversité, est une caractéristique commune à ces champions hors norme. Tout comme Schumacher, Verstappen ne semble pas enclin à reconnaître ses erreurs.
C’est justement cette intensité de caractère qui fait de lui un personnage à part dans le paddock. Que ce pilote au talent exceptionnel soit animé par une rage de vaincre est une chose admirable, mais il faut garder à l’esprit le fait que cette énergie brute a aussi ses revers. Or, dans le Championnat actuel, la domination d’une équipe ou d’un pilote n’est plus d’actualité. L’étau de la concurrence se resserre, ce qui pousse les aspérités du caractère de Verstappen à s’afficher en (plus) grand.
Au bilan, ce Grand Prix d’Espagne a donc été bien plus qu’une simple course : il nous a donné une vision sans filtre de ce que signifie être un champion prêt à tout, quitte à franchir la ligne rouge.