La course à pied séduit par sa simplicité et ses bienfaits sur la santé, mais elle n’est pas sans risques : entorses, tendinites et microtraumatismes sont monnaie courante. Celles et ceux qui pratiquent le savent. Malgré de multiples tentatives de prévention – étirements, semelles, bandages –, les résultats restent peu probants. En analysant des milliers de données, une étude menée par l’Université de Loughborough a d’ailleurs démontré que ces approches traditionnelles n’ont que peu d’effet mesurable sur la réduction des blessures. L’une des rares pistes à émerger aujourd’hui est celle de la musculation, dont le potentiel mérite un examen approfondi.
Le rôle central des muscles profonds
Avec l’âge, le tonus musculaire diminue, ce qui affecte non seulement les muscles visibles, mais aussi les muscles profonds responsables de la posture et de la stabilité. Cette dégradation fragilise l’ensemble du corps et peut favoriser les blessures, même chez les personnes physiquement actives. Pour y remédier, renforcer la ceinture abdominale – souvent désignée par l’appellation anglaise « core » – semble essentiel. Ce noyau musculaire (composé du transverse, du diaphragme et du périnée) assure un socle solide au reste du corps. Une faiblesse dans cette zone peut se traduire par un déséquilibre, une mauvaise coordination et donc un risque accru de pathologies, des pieds aux cervicales.

Une étude finlandaise comme preuve
Des résultats concrets viennent appuyer cette hypothèse. En Finlande, une étude menée par la chercheuse Mari Leppänen a observé les effets de deux protocoles de musculation sur des adultes reprenant la course à pied après une période de sédentarité. L’un ciblait le renforcement des muscles profonds, l’autre se concentrait sur le bas du corps. Résultat : seule la première méthode a permis une baisse significative des blessures, notamment au niveau des genoux et des chevilles. À l’inverse, le second programme n’a montré aucun bénéfice et il s’est même accompagné d’une hausse de petits traumatismes musculo-tendineux.
L’illusion de la condition physique
Même les coureurs aguerris ne sont pas épargnés. Une pratique régulière ne suffit pas à préserver l’intégrité musculaire si elle s’accompagne d’une vie sédentaire en dehors de l’entraînement. Rester assis de longues heures, par exemple, affaiblit les muscles fessiers et raccourcit les ischio-jambiers. Cette inactivité passive induit un désengagement des muscles stabilisateurs essentiels à la course. Le déficit de recrutement des fessiers, parfois qualifié de « malédiction des culs mous », en est une illustration parlante. Pour prévenir ces dérèglements, un travail de musculation ciblé pourrait bien être la clé d’une pratique durable et sans douleur.