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L’Autorité belge de la Concurrence a sifflé la fin de la récré. L’Union Cycliste Internationale (UCI) devra suspendre, au plus tard le 13 octobre, sa nouvelle règle limitant le braquet maximal autorisé à 54×11 sur les courses professionnelles. Motif : la norme, présentée comme une mesure de sécurité, violerait les principes de transparence et de non-discrimination.

Le braquet correspond à la combinaison du plateau avant et du pignon arrière, qui détermine combien le vélo avance à chaque tour de pédale. Plus le braquet est grand, plus le vélo va vite et plus il est difficile de pédaler. La norme du braquet maximal fixe donc une limite à cette vitesse maximale : avec un plateau de 54 dents et un pignon de 11 dents, c’est la vitesse la plus rapide que le coureur peut atteindre sans changer de rapport.

Mais la mesure a immédiatement fait grincer des dents chez les équipementiers. L’américain SRAM, l’un des deux géants mondiaux du secteur avec Shimano, a saisi les autorités belges, estimant que cette décision technique l’excluait de fait de certaines compétitions.

Un rapport de force mécanique et économique

Derrière cette querelle de plateaux se cache une bataille industrielle. SRAM ne propose actuellement aucun groupe de transmission conforme à la nouvelle norme imposée par l’UCI. Autrement dit, ses équipes partenaires – plusieurs formations du WorldTour – se retrouvaient dans l’impossibilité de participer à certaines épreuves sans changer de matériel, un coût et une image désastreuse à l’approche de la fin de saison.

braquet maximal
Photo by Vincent Kalut / Photonews

Pour l’Autorité de la Concurrence, cette situation pose un problème de fond. Dans sa décision, elle estime que la procédure d’adoption de la règle « ne répond pas aux conditions requises d’objectivité et de transparence » et qu’elle « génère des effets disproportionnés à l’égard d’un fournisseur d’équipement sportif ». Le verdict est clair : la norme est suspendue à titre conservatoire jusqu’à nouvel ordre.

L’UCI rappelée à l’ordre

Si l’Autorité belge reconnaît la légitimité de l’UCI à encadrer la sécurité dans le sport, elle rappelle aussi que la régulation sportive ne peut pas ignorer le droit de la concurrence. Les règles techniques qui ont des impacts économiques directs doivent être élaborées selon des procédures claires et non discriminatoires.

L’UCI, qui justifiait la mesure par un souci de prudence dans les descentes et les sprints, se voit donc contrainte de publier, dans les 24 heures, un communiqué précisant que la norme n’est pas applicable. À défaut, elle s’expose à des astreintes financières.

Un précédent aux répercussions mondiales

Le timing n’est pas anodin : la règle devait s’appliquer dès le Tour du Guangxi, ultime manche du calendrier WorldTour, dès le 14 octobre. Plusieurs équipes équipées de groupes SRAM avaient déjà exprimé leurs inquiétudes, craignant un désavantage technique.

Cette suspension crée un précédent inédit dans le sport professionnel, où le droit de la concurrence intervient rarement pour contrer une réglementation sportive.

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